Battle Brothers

30 mai 2022 - NEW GAME

Décidément, j'aime les jeux de stratégie-gestion-tactique. J'y jouais beaucoup durant mon époque PC il y a plusieurs années mais beaucoup moins depuis l'ère consoles. J’avoue que je suis ravi de retrouver ce genre si addictif. C'est délicat de réaliser un bon jeu de réflexion, il faut proposer un challenge intelligent tout en conservant une dose de fun pour éviter l'austérité et le découragement. Ce défi est pleinement remporté par Battle Brothers.

Au premier regard (je vous laisse apprécier les captures maison), Battle Brothers n’est pas sexy. L'interface peut paraître simpliste et les animations sommaires avec ces petits personnages illustrés comme des figurines de jeu de plateau, le cul sur leur socle, glissant sur une map à hexagones. Mais ne vous y trompez pas, après plusieurs heures de jeu, tous les détails qui font la différence vont vous sauter aux yeux : l’équipement fidèlement représenté, les blessures précisément placées, les éléments de décor des champs de bataille, les environnements de la carte, les vols d'oiseaux au-dessus de la forteresse abandonnée, etc. Aussi, ne vous laissez pas influencer par l’aspect, le reste est si riche et plaisant que vous ne pourrez plus vous passer du jeu (à moins de ne pas accrocher du tout à la DA, bien sûr). Depuis que j’ai débuté, chaque fin de session est frustrante tant j’ai envie de continuer.

Et pourtant, là encore, le pitch de départ est ultra simple et ne propose rien de grandiloquent ou d’épique. Au départ de chaque campagne (plusieurs types proposés), vous dirigez un petit groupe de 3 mercenaires (aléatoires) lâché sur une grande map médiévale (génération procédurale) où vous allez enchaîner les contrats pour vous enrichir, recruter de nouveaux compagnons, les équiper et relever des défis de plus en plus difficiles. Là où la magie opère c’est que vous allez très vite vous attacher à votre petit groupe de combattants. Il vous faudra gérer leur repas, leur repos, leurs blessures, leurs réparations, leur acheter un casque, une armure, une arme, modifier leurs compétences, leurs talents, gérer leur moral, etc. Lors d’un nouveau recrutement (vous pouvez engraisser votre troupe jusqu’à 20 frangins), tout sera aléatoire sauf son activité avant d’intégrer votre troupe, histoire d’avoir un indice sur sa future spécialisation (paysan, meunier, mineur, mendiant, chasseur, milicien, noble déchu ou encore chasseur de sorcières…). Façon boîte de chocolats de Forrest Gump, on ne sait jamais sur quoi on va tomber quand on recrute un nouveau personnage! Un alcoolique? Un glouton? Un loyal? Un flippé des morts-vivants? Un myope? Un adepte de l’arc? Une mule sac à PV? Bref, vous l’avez compris, gérer sa troupe de frères d’armes est le coeur du jeu. Vous passerez beaucoup de temps dans les menus mais rassurez-vous c’est très plaisant manette en main, après un petit temps d’adaptation comme pour tous les jeux à interface riche (Frostpunk, Civilization VI, Stellaris, etc.).

L’autre gros point positif de Battle Brothers réside dans ses combats au tour par tour hautement tactiques. Cela fait des années que je n’ai pas ressenti ce besoin de peser longuement chaque action, de peur de perdre ma jeune recrue paysanne, tremblante, la hachette nerveusement agrippée, prête à fendre le crâne du brigand d’en face. Et des blessures, vous allez en voir : des crânes fendus, des oreilles coupées, des abdomens percés, des mains tranchées entre le majeur et l’annulaire, des traumatismes psychiques, des épaules déboîtées, etc. Il est impossible de tout citer tant le jeu est généreux, je découvre des nouveautés à chaque nouvelle session. A la dernière, après 12h de jeu, j’ai croisé pour la première fois des Geist, sortes d’êtres fantomatiques qui se tuent en un coup mais seulement en mêlée et qui terrorisent mes troupes à coups de cris déchirants, diminuant la bravoure jusqu’à leur faire fuir le champ de bataille! La désertion n’est pas loin. Pour parfaire le tout, les effets sonores et la musique sont très réussis. Le bruit d’une épée contre un bouclier ou d’un carreau d’arbalète qui perce le flan de l’ennemi sont très bien reproduits et l’OST est fantasy à souhait, parfois même proche de Game of Thrones…

Il est difficile de tout raconter à propos de Battle Brothers (je suis déjà trop long). Je ne vous ai pas parlé du commerce, des relations diplomatiques, des sites cachés, des quêtes surprises, du feu de camp, des différentes campagnes, des DLCs tous inclus dans la version intégrale (vivement recommandée). Bref, après 12h de jeu, je peux dire clairement que je vais passer de longs et bons moments sur ce tactical RPG. Attention cependant, le jeu n’est pas traduit et vous sera présenté intégralement en anglais. Si vous avez un niveau moyen en anglais, çà ira, aucun souci, vous saurez faire la différence entre une Short Sword et une Militia Spear. En revanche pour les textes de quêtes, ce sera sans doute plus flou. Mais l’important est de comprendre les caractéristiques des mercenaires et de leur équipement. Pour les contrats, du moment que vous repérez l’objectif et surtout la somme payée en cas de réussite, ce sera amplement suffisant pour envoyer vos Bros à la filoche.