Binary Domain

70

24 juillet 2012 - TEST

Sale tas de ferraille ! » Voilà à peu près le leitmotiv de ce jeu. Et aussi l’insulte la plus soft. En effet, il n’est pas rare durant toute l’histoire de savourer des dialogues ciselés à la hache, réhaussés de nombreux : « Fils de p… » et autres « Dis à ta mère que je l’aime ! » Si, si, véridique. La première exigence de ce jeu est donc de faire abstraction de ces dialogues bas du front qui jalonnent le scénario. Une fois cet effort réalisé, nous avons dans les mains un jeu plutôt bien tourné qui pourra vous accrocher durant une dizaine d’heures et que je conseille d'occasion.

Pour planter un peu le décor, imaginez vous dans un futur proche, année 2080, à Tokyo, plutôt bien représenté dans un avenir tout à fait plausible, et entrez dans la peau de Dan, un soldat surentraîné dont la mission consiste à dénouer une sombre affaire de clause 21, clause interdisant la création de robots à visages humains. Or, il semblerait qu’un génie japonais ait réussi à construire des robots si parfaitement identiques aux humains qu’ils ne sont même pas conscients de leur nature robotique. Ce sont les fameux Simulacres, interdits par la clause 21. Le Dan va donc devoir découvrir qui a conçu ces androïdes presque parfaits. L’ambiance SF est donc plutôt bien posé et pousse le joueur à continuer l’aventure pour comprendre où va le scénario avec cette histoire de robots interdits. Durant le jeu, plusieurs séquences cinématiques viendront apporter des révélations à ce sujet, plus ou moins cohérentes, mais toujours originales.

Evidemment, vous imaginez bien que cela ne va pas se passer comme prévu et il faudra donc affronter une foule de robots déterminés à vous clouer au sol, quitte à ramper jusqu’à vous pour asséner la dernière balle. Un vrai plaisir de leur écraser le processeur quand ils commencent à s’agripper à votre cheville. Non sans rappeler d’ailleurs, certains zombies de Resident Evil. Les différents robots rencontrés ont tous un design très soigné (certains rappellent les androïdes du film I Robot) et les nombreux boss que vous croiserez ont vraiment de la gueule. Un des intérêts du jeu vient aussi de cette découverte à chaque chapitre des nouvelles machines qui essaieront de vous rappeler à quel point un humain est fragile face au métal. Cela engendre ainsi une suite de fusillades vitaminés contre des hordes de robots, rappelant régulièrement ce bon vieux T800, devenu gouverneur de Californie depuis. Comme quoi la robotique çà mène à tout.

La réalisation du jeu est très soignée et on prend plaisir à parcourir les niveaux, que ce soit dans les égouts, sur les toits, dans les bas-fonds ou la ville supérieure. Çà manque cruellement de vie mais çà donne justement l’impression que la vie disparaît sous le métal et le progrès. Cela doit donc être volontaire, étant donné le scénario. Les animations sont impeccables et les sons des machines sont de qualité, on s’y croirait.

Dan n’est pas seul dans son trip anti-boulons, il est accompagné de plusieurs autres personnages, inégalement réussis. Certains renforcent constamment l’effet « bourrin » du jeu et d’autres amènent un peu plus de finesse et collent mieux à l’histoire SF. Mention spéciale pour Cain, celui-là vous l’aimerez. Je vous laisse le découvrir. Toute proportion gardée, le jeu rappelle Final Fantasy puisque régulièrement il faudra choisir 1, 2 ou 3 partenaires de guerilla parmi la bande de soldats et ils ont tous des petites spécialités. Attention, on est loin d’une vraie spécialisation mais on peut s’amuser à passer du temps sur les nanomachines pour améliorer certaines de leurs compétences. A ce propos, Dan possède une arme spéciale qui dispose d’un rayon dévastateur, n’hésitez pas à en abuser, çà dépote et on est rarement à cours de munitions. Très précieux contre les boss. Enfin, à propos des collègues de travail, Dan peut leur donner des ordres, soit avec la manette, classiquement, soit par l’intermédiaire du micro mais là, çà tourne à la rigolade assurée quand on remercie un partenaire et qu’il s’énerve parce qu’il a compris qu’on en voulait à sa mère… Passez votre chemin et concentrez vous sur vos tirs et vos roulades de gymnastique rythmique, çà vaut mieux.

On a donc avec ce jeu un TPS plongé dans un univers SF qui mélange plusieurs inspirations, Mass Effect bien sûr mais sans jamais égaler l’excellence de cette saga, Final Fantasy, mais de très loin, avec l’apparition progressive d’alliers et l’équipe modulable, et Resident Evil, pour la vue, les ennemis et, malheureusement, la lourdeur du personnage quand il se déplace. Mais bon, il a une armure de 58 kilos, sur laquelle sont accrochés un fusil d’assaut, un lance-roquettes, 5 grenades à impulsion électromagnétique, 4 kit médicaux et un pistolet. Manque plus qu’une cafetière. Bon jeu!